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22 Qui est Kamasi Washington, figure de proue du renouveau du jazz ?

Qui est Kamasi Washington, figure de proue du renouveau du jazz ?

MUSIQUE

À 37 ans, ce saxophoniste californien, proche collaborateur de Kendrick Lamar, est considéré comme l’un des acteurs majeurs de la scène jazz contemporaine. Un statut confirmé par la sortie de son nouvel album, “Heaven & Earth”.

© Durimel. © Durimel.
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Un temps délaissé par les jeunes générations, souvent considéré comme élitiste, le jazz connaît aujourd’hui une véritable renaissance, porté par la vision d’une poignée d’artistes novateurs, qui repoussent les frontières du genre tout en en respectant l’héritage. Parmi eux : le quatuor BadBadNotGood, le producteur et bassiste Thundercat, et surtout, le saxophoniste Kamasi Washington.

 

À 37 ans, ce natif de Los Angeles est considéré comme l’un des piliers du renouveau du jazz. Et pour cause : après avoir étudié l’ethnomusicologie à l’université UCLA, ce fils de musiciens et fan invétéré de John Coltrane, qui découvre le saxophone ténor à l’âge de 13 ans, s’est rapidement allié à quelques-uns des plus grands noms de la scène rap américaine, parmi lesquels Snoop Dogg, Nas et Lauryn Hill, imposant un peu plus le jazz dans le cercle du hip-hop.

 

Fort de ces nombreuses collaborations, qui lui ont permis de façonnner sa vision moderne et singulière du jazz, Kamasi Washington dévoile en 2015 sur Brainfeeder (le label de son ami Flying Lotus) son premier album : The Epic. Un triple disque sur lequel cet ambitieux compositeur et multi-instrumentiste réunit le travail de 50 collaborateurs et choristes, épaulé de son groupe, The Next Step.

Le clip de Kamasi Washington pour “Street Fighter Mas”

Ce premier long format, acclamé par la critique, attire les oreilles de son comparse californien Kendrick Lamar. La même année, le rappeur lui propose en effet de participer à la conception de son troisième opus To Pimp A Butterfly qui, bien que considéré comme un disque de hip-hop, s’écoute comme une véritable déclaration d’amour au jazz (comme le soulignant cet article de Billboard intitulé : “Comment Kendrick Lamar est devenu le ‘John Coltrane du hip-hop’ sur To Pimp A Butterfly”).

 

Dans un entretien accordé à Pitchfork en 2015, Kamasi Washington affirmait d’ailleurs l’importance de To Pimp A Butterfly dans l’histoire de la musique : “Ce disque a changé la façon dont les gens perçoivent la musique, le jazz notamment. Il a permis au monde de comprendre qu’une musique intellectuellement stumulante comme celle-ci ne doit pas forcément rester underground – elle peut aussi être mainstream.”

 

Après l’EP Harmony Of Difference paru en septembre 2017, Kamasi Washington revient aujourd’hui avec Heaven & Earth : un riche et double CD, qui apporte quelque chose de nouveau dans son message. Jusqu’alors décrite comme une ode spirituelle à la paix, la musique du saxophoniste prend ici une tournure d’avantage combative, et ce dès le premier titre de cet album.

Le clip de Kamasi Washington pour “Fists of Fury”

Baptisé “Fists of Fury” (un hommage au film de kung fu Fist of Fury, sorti en 1972 et incarné par Bruce Lee), ce dernier nous exhorte en effet à “user de nos poings” pour en finir avec “le temps où nous étions victimes”, porté par des arrangements alternant entre calme apaisant et pic volcanique. Un appel à résoudre les failles de la société américaine que l’on retrouve tout au long de l’opus, avec des titres comme “The Invicible Youth” ou “Street Fighter Mas”, sur lequel il rêve d’un monde où les affrontements entre gangs se résoudraient à travers l’écran d’un jeu vidéo.

 

Percutant, Heaven & Earth semble ainsi marquer une certaine rupture dans la carrière de Kamasi Washington. Avec lui, le trentenaire délivre ses pensées sur le monde actuel, qu’il considère comme un chaos global, tout en évoquant un futur envisagé comme un havre de bonheur possible. “Le versant ‘Terre’ de cet album représente le monde comme je le vois de l’extérieur, le monde dont je fais partie, décryptait-il sur Twitter. Le versant ‘Paradis’ de cet album représente le monde comme je le vois intérieurement, le monde qui est une partie de moi.”

 

À l’image de sa vision du monde, coincée quelque part entre ciel et terre, Heaven & Earth s’inscrit dans une zone située à mi-chemin entre la vérité de notre quotidien et une réalité davantage cosmique. Un dyptique envoûtant, avec lequel Kamasi Washington s’inscrit un peu plus dans les pas de son idole John Coltrane.

© Durimel. © Durimel.
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