Des arbres feuillus, des paysages colorés, des végétations luxuriantes et des soleils incandescents : voilà ce qui nous appelle lorsque l’on découvre les nouvelles peintures de Jules de Balincourt. Aussi frappantes que leurs teintes sont vives, ses toiles semblent dessiner les contours d’une autre réalité, un monde où l’humain et la nature vivent dans la plus parfaite harmonie tandis que rougeoient les lumières du crépuscule, l’atmosphère si particulière qui enveloppe ces moments entre chien et loup. Ici, des badauds se promènent à l’ombre – loin d’être menaçante – d’une immense forêt, là, un cowboy perché sur son fidèle destrier tourne le dos au clair de la pleine lune… grâce à sa palette originale, le peintre français enveloppe ses œuvres d’une dimension fantasmagorique confinant à l’hallucinatoire, bien que celles-ci s’appuient sur des décors bien réels.
Car c’est précisément un pays d’Amérique centrale qui a façonné l’imaginaire de Jules de Balincourt : le Costa Rica, qu'il habite, depuis deux décennies maintenant, plusieurs semaines par an. Lorsqu'il y séjourne, le peintre profite des plages paradisiaques, explore la richesse de sa faune et de sa flore mais s’inspire également cette fascinante porosité entre l’être humain et son environnement, incarnées notamment par des architectures qui se fondent dans les arbres, les cours d’eau et les montagnes. Malheureusement, le début de l’année 2020 fut bien moins idyllique pour l’artiste : confiné comme la grande majorité de la population mondiale, celui-ci fut contraint de rester entre les murs de son domicile situé à Brooklyn. Inédit et si particulier, ce temps inédit lui permit toutefois d’achever ses dernières peintures, désormais accrochées aux murs de la galerie Ropac à Paris tout l’été durant.
Jules de Balincourt, "Park People Versus Forrest People” (2020). © Jules de Balincourt I ADAGP Paris, 2020. Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, London · Paris · Salzburg. Photo : Jason Mandella
Jules de Balincourt, “Solitary Cowboys” (2020). © Jules de Balincourt I ADAGP Paris, 2020. Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, London · Paris · Salzburg. Photo : Jason Mandella
Que leurs supports soient réduits ou très larges, que leurs ambiances soient nocturnes ou diurnes, les œuvres de Jules de Balincourt racontent dans cette nouvelle exposition des récits aux portes du conte. L’histoire de l’art moderne n’est d’ailleurs jamais bien loin : on pourrait aussi bien y lire l’héritage des villes et campagnes hypnotisantes d’un Hundertwasser que des grandes étendues d’un Nicolas de Staël, où seules les fragments de couleurs découpent le décor d’un autre monde. En mêlant dans ses toiles le réalisme de leurs scènes et la féérie de leurs couleurs, le jeune peintre français y fait quant à lui advenir les fantasmes de chacun au cœur une jungle chatoyante, semblable à une île secrète qui échapperait à notre rationalisme prégnant. Car si Alberti disait que la peinture était une “fenêtre sur l’histoire”, celle de Jules de Balincourt offrirait davantage une fenêtre sur nos rêves, des lieux hors du temps et de l’espace où la conscience se nourrit du réel pour y exaucer nos plus profondes espérances.
Jules de Balincourt, THERE ARE MORE EYES THAN LEAVES ON THE TREES, exposition du 2 juillet au 5 septembre à la galerie Thaddaeus Ropac, Paris 3e.
Découvrez la programmation complète du Paris Gallery Weekend ici, du 2 au 5 juillet 2020.