Un renouveau du genre
Depuis l’acquisition de Lucasfilm (la société de production fondée par George Lucas) en octobre 2012, Disney peine à s’emparer de l’univers mythique de Star Wars. Après une troisième trilogie jugée décevante (les épisodes VII, VIII et IX) et des productions aux critiques plus mitigées réunies sous le sigle A Star Wars Story, Rogue One (2016) et Solo (2018), les fans de la franchise ne pouvaient accueillir The Mandalorian qu’avec un certain scepticisme, d’autant plus que les producteurs s’engageaient alors dans un format consacré au petit écran, donc nouveau (sauf si l'on compte la série animée Lego Star Wars). Créée et produite par Jon Favreau, la série se démarque pourtant de ses mauvais prédécesseurs et plonge dès les premières minutes dans une histoire alléchante et soignée.
Contre toute attente, le premier épisode de The Mandalorian renoue avec un Star Wars intimiste, où les discussions ont lieu à l’intérieur d’auberges crasseuses. Dès les premières minutes, le ton est lancé. Une ambiance de western spaghetti à la Sergio Leone, déjà vaguement esquissée dans Solo, pointe son nez entre échanges de regards et choppes de bières. Un anti-héros taiseux et solitaire, des créatures crapuleuses : la scène a tout de la bagarre de saloon qui tourne mal. À cela près que la pièce est remplie de monstres, Sith, Zabraks, Vornskr et Scurriers en tout genre. Alors que l’on sait que l’action se situe cinq ans après la chute de l’Empire Galactique, l’histoire prend tout de suite un goût de renouveau.
Un personnage mythique
The Mandalorian suit un chasseur de primes (Pedro Pascal) –reprenant ainsi le célèbre personnage de Boba Fett– missionné par un client énigmatique pour aller traquer et éliminer une créature mystérieuse, que l’on découvre rapidement être un enfant de l’espèce Yoda. Porté par cette rencontre inattendue entre deux personnages mythiques, la série suit un scénario simple, sans tomber dans le piège de la démesure auquel peut inviter un univers aussi riche que Star Wars. Chaque épisode change de réalisateur (Dave Filoni, Rick Famuyiwa, Deborah Chow, Bryce Dallas Howard et Taika Waititi), ce qui permet à la série de garder une énergie entraînante tout du long, sans jamais s’essouffler.
La bande originale de Ludwig Görasson (Black Panthers) et les décors léchés viennent ajouter à l’atmosphère savamment travaillée de l’ensemble, truffé de références subtiles. La fraîcheur de The Mandalorien tient surement du fait que la série s’éloigne des personnages mille fois revisités de Luke Skywalker, Han Solo, Princesse Leïa, Padmé etc. Hors des sentiers battus, les épisodes puisent sagement dans les paysages et les inventions extraordinaires de George Lucas pour s’envoler de leurs propres ailes.
The Mandalorian, disponible sur Disney +.