1. Une série réaliste
Dès le premier épisode, Frank Gastambide, réalisateur des films Les Kaïra et Taxi 5, a tenu à créer un univers stylisé mais réaliste. On est ainsi plongé dans un tournage de l'émission Planète Rap de Skyrock plus vrai que nature, avec la participation de l'animateur Fred Musa. L'histoire ? Clément alias Apash, dealeur des beaux quartiers la nuit et rappeur de banlieue le jour, rencontre une star du genre : Mastar. De quoi donner lieu, d'entrée de jeu, à un grand classique du rap game : le clash musical. Le jeune élu Apache est en effet invité à démontrer ses talents lors d'un freestyle face au rappeur installé dont il est fan depuis toujours. C'est le début d'une ascension fulgurante pour le héros prodige au style enragé qui va très vite accéder aux fêtes du music business, aux studios d'enregistrement et aux tournages de clips. Pour renforcer la crédibilité de cette immersion éclair et vertigineuse, le réalisateur a fait appel à de vrais rappeurs qui jouent leur propre rôle : Ninho, Soprano, Kool Shen, Lacrim, Mister V et d'autres. Des prestations qui font penser par moments à un Dix pour Cent du rap. Autre point fort en matière de réalisme : la façon dont sont dépeints les dessous du milieu, en particulier les stratégies des managers et des cadres de maisons de disques pour lancer une carrière ou déjouer une crise.
Bande-annonce de “Validé”.
2. Un programme générationnel
Alors que le rap a dépassé le rock dans le cœur de la jeunesse, la série frappe fort en s'attaquant au nouveau matériau qui fait rêver les millennials. En filmant les barres HLM et les rues de nuit comme dans un clip de PNL, Frank Gastambide s'adresse en premier lieu à ceux qui rêvent de devenir les prochains Laylow ou Maes. Une trajectoire désormais imaginable grâce au pouvoir infini des réseaux sociaux. MHD a bien vendu des pizzas à ses débuts. Les scènes les plus réussies sont d'ailleurs celles qui suivent les tergiversations du héros entouré de ses deux compagnons de galère (un jeune cousin désoeuvré et un ami livreur) se projetant dans une vie de paillettes. Leurs discussions pleines de dérision devraient résonner avec celles de beaucoup de jeunes qui ont grandi devant les clips de Booba. La fiction aborde aussi le côté sombre du milieu, celui qui conduit les rappeurs à en venir aux mains dans la vraie vie.
3. Poncifs massifs
Mais la première longue série française (10 épisodes de 30 minutes chacun) consacrée au rap hexagonal ne possède pas tous les moyens de son ambition. Si les personnages masculins sont justes et pour la plupart émouvants, on déplore le manque d’héroïnes fortes, à l'exception de Sabrina Ouazani en directrice artistique badass. La fiction manque aussi souvent de subtilité en multipliant les clichés : les scènes de deal, les selfies avec les stars, la vie en cité, les showcases dans les bars à chicha, les belles bagnoles, les noms des morceaux déjà vus et revus (Castro), les rapports aux groupies dociles. On a parfois l'impression de regarder un mauvais thriller cochant toutes les cases du film de gangster de seconde zone et ne lésinant pas sur les coups de théâtre pour maintenir l'attention à tout prix. On ne valide donc pas totalement cette première saison mais on laissera sa chance à la saison 2, déjà en préparation, tout en guettant la sortie de la série d'Arte Le Monde de demain qui narre l’ascension du groupe NTM.
Validé, saison 1 disponible sur la plateforme Canal+Séries et myCanal.