Sur des teintes vermeilles virant au corail enflammé, Cremonini dépeint les cités balnéaires et les situations estivales les plus banales. Grâce à des coulures de peinture verticales, il illustre le quotidien de couples amoureux et mille indiscrétions qui frappent par leur éloquence. Le chromatisme à son paroxysme, l’artiste use de cadrages géométriques. Comme l’explique l’écrivain italien Umberto Eco (1932-2016) : “sa peinture, même si elle est éminemment ‘picturale’, n’en est pas moins très littéraire et philosophique : elle raconte, organise des intrigues ambiguës et sous entend une série de raisonnements sur le rôle du sujet, du regard, du désir et de la volupté.”
Les créations du maître italien suivent le fil d’une narration littéraire.
Avec leur mise en scène quasi cinématographique, les toiles de Leonardo Cremonini (1925-2010) ont inspiré bon nombre d’auteurs dont Italo Calvino, Michel Butor ou Umberto Eco. Une cinquantaine de ses œuvres sont exposées jusqu’au 23 décembre à la galerie parisienne T&L dans une monographie inédite, un retour éclatant pour des toiles anciennes jamais vues depuis les années 1970. Élève du peintre Giorgio Morandi (1890-1964), Léonardo Cremonini s’installe dans la Cité des Doges dans les années 1940. Remarqué par la collectionneuse d’art moderne américaine Peggy Guggenheim, il expose à New York puis change progressivement de technique picturale. Les créations du maître italien suivent le fil d’une narration littéraire. Admiré par Francis Bacon, Cremonini s’inscrit dans la lignée des peintres de la figuration narrative. Alors influencé par les méthodes propres à la bande dessinée ou à la photographie, Leonardo Cremonini s’oriente peu à peu vers une forme expressionniste : déformation stylisée d’une réalité structurée par des couleurs intenses.
Leonardo Cremonini, jusqu'au 23 décembre, T&L - 24, rue Beaubourg | 75003 Paris
Les plafonds de la plage, 1968, huile sur toile, 201 x 147 cm - Leonardo Cremonini