Piquant, acerbe, virtuose, Baloji – littéralement “homme de sciences” en swahili – est un artiste qui a bouleversé l’actualité musicale avertie l’an passé. Son dernier album, “137 avenue Kaniama” bouscule les codes établis du rap en piochant ses inspirations au sein d’un répertoire riche mêlant musique afro-latine, R'n'B, soul et slam. Autobiographique et extrêmement intime, tel le titre “La dernière pluie – Inconnu à cette adresse” narrant les désillusions d’un adulte qui revoit sa mère après 25 ans d’absence, il lui permet également de se pencher sur une notion pivot de son œuvre : l’identité.
Né Congolais, Baloji a grandi en Belgique. Cette identité clivée, liant les cultures africaine et européenne, s’est muée en levier créatif et lui a permis de façonner son identité propre, celle de “Kongaulois”. Ainsi il aborde dans ses chansons des thèmes aussi divers que le racisme dans le titre “Bipolaire – Les Noirs” ou encore la perte de repères dans “Entre les lignes”.
Artiste total, complet et éclectique, Baloji n’est pas seulement musicien. Il cultive aussi son attrait pour l’esthétique et les arts visuels dans une activité de stylisme, qui l’amène à collaborer avec des maisons comme Louis Vuitton où Diesel, et en réalisant des films. Il dévoile notamment en 2018 son premier court-ménage “Kaniama Show”, dans lequel il dénonce les propagandes télévisées délétères qui déciment les consciences au sein des pays africains. Quant à “Zombie”, son prochain court-métrage, il raconte une histoire différente du Congo actuel à travers les déambulations d’une jeunesse en quête de sens. Extrêmement esthétique, coloré, poignant, il s'accompagne de morceaux qu'il emprunte à son dernier album incluant des titres tels que “Glossine (Zombie)” ou encore “Spotlight”. Cette odyssée cinématographique et musicale saisissante est à découvrir dès le 14 mars.