Cet hiver a été particulièrement riche de productions télévisées sur l’Église. Après le succès public et critique du film Les Deux Papes, avec Anthony Hopkins assis sur le trône papal – diffusé sur Netflix et réalisé par le Brésilien Fernando Meirelles –, le réalisateur oscarisé Paolo Sorrentino revient sur le petit écran avec la suite (ou la version bêta) des aventures de son pape Pie XIII (incarné par Jude Law), un ecclésiaste fantasmé qui n'a jamais existé.
Dès les premières secondes du premier épisode de The New Pope, une nonne prodigue des soins à un corps quasi sans vie, allongé dans une chapelle dont les les murs qont tapissés d'immenses croix fluorescentes. Alors qu’elle a à peine terminé de laver le visage du pape Pie XIII, plongé dans le coma, la bonne sœur s’allonge et se masturbe, très excitée par le corps inanimé d’un Jude Law plus sculpté que jamais. Le générique est lancé : une musique électronique de Lele Marchitelli, qui avait déjà composé la bande originale de La grande bellezza en 2013, rythme des images aux couleurs saturées, donnant le ton de cette série transgressive sur un Vatican hypothétiquement progressiste.
Coproduite par les chaînes Sky, HBO et Canal +, la série n’était pas vraiment au programme de son réalisateur : alors qu’il ne voulait pas prolonger les aventures du jeune pape interprété par Jude Law, Paolo Sorrentino a finalement accepté d’écrire la suite de son règne imaginaire au Vatican. Accaparé par la réalisation de son biopic consacré à l’homme politique italien Silvio Berlusconi, Silvio et les autres (2018), le cinéaste avait laissé la suite de The Young Pope en suspend : à la fin de la première saison, on a quitté le pape Pie XIII victime d’un malaise alors qu’il venait de révéler son visage à une foule en délire.
Un casting cinq étoiles
Les retrouvailles entre le jeune pape et son public s’annonçaient savoureuses. Elles sont finalement contrariées : quel ecclésiaste succèdera au personnage de Jude Law à la tête du Vatican ? C’est alors qu’un aristocrate anglais débarque, Sir John Brannox, campé par un John Malkovitch plus charmant et sophistiqué que jamais, aussi intrigant que surprenant. Dès le deuxième épisode de The New Pope, le message est clair : le nouveau pape risque bien de faire de l’ombre à l’ancien, et la suite est presque trop facile.
À l’instar de Pie XIII, Sir John Brannox détonne. Il paraît irrévérencieux et cassant, ne colle pas à l’étiquette et aux conventions de l’Église et copine même avec ses idoles, Sharon Stone et Marylin Manson – interprétant leurs propres rôles. Aux côtés de Jude Law, John Malkovitch, Cécile de France ou encore Ludivine Sagnier, ces derniers composent un casting cinq étoiles pour une série qui semble davantage reposer sur ses interprètes que sur son écriture.
The New Pope (2019) de Paolo Sorrentino, tous les lundis soirs sur Canal +.
Bande-annonce de “The New Pope” (2019) de Paolo Sorrentino