S’il n’est pas facile pour le monde de la culture et de l’art de survivre en ces temps de fermetures prolongées des lieux d’expositions, des salles de cinéma et de spectacle, il reste encore à un certains lieux et monuments la possibilité d’être vus de l’extérieur. Et puisqu’une création architecturale s’appréhende toujours d’abord par sa façade et la façon dont elle s’impose dans le paysage urbain, celle de la fondation LUMA aura eu le mérite de réussir son effet : depuis plusieurs années, sa tour géométrique recouverte de 11 000 panneaux d’acier lisse, réfléchissant la belle et puissante lumière du sud, domine la ville d'Arles. Conçu par l’architecte star Frank Gehry pour abriter les expositions de cette fondation pour l'art contemporain créée en 2004, cet édifice s'ajoute à une série d'espaces déjà réinvestis par LUMA dans ce même secteur au sud de la ville. Dans sa grande halle au pied de la tour, la fondation a en effet régulièrement organisé d'importantes expositions telle qu'une rétrospective exceptionnelle de l'œuvre architectural du designer Jean Prouvé en 2018, ou plus récemment l'exposition “It's Urgent”, pour laquelle le célèbre commissaire d'exposition Hans Ulrich Obrist avait invité une centaine d'artistes et penseurs contemporains à répondre par des affiches à la question “Qu'est-ce qui est urgent aujourd'hui ?“. Alors que le mystère planait encore quant à l'aboutissement de l'ambitieux projet architectural de la fondation, celle-ci vient enfin d'annoncer la date de son ouverture au public dans sa totalité : le 26 juin prochain.
Fort de ses 15.000 m2, le bâtiment construit par Frank Gehry constituera le cœur du complexe artistique et culturel de la fondation tel que pensé par sa fondatrice, la collectionneuse d’art contemporain suisse Maja Hoffmann. Avec des volumes paraissant s’emboîter et croître de façon organique, la tour de Frank Gehry est à l’image du manifeste de la LUMA, qui s’intéresse aux“relations directes entre l'art, la culture, les droits humains, les questions liées à l'environnement, l'éducation et la recherche”, comme l’annonce son site. Au sujet du projet, Maja Hoffmann précise : “S’il y a une image, une métaphore pour cette institution du 21e siècle, c’est celle d’un organisme vivant. Là où la question n’est plus de savoir si les espaces sont ouverts ou fermés mais sur quel mode ils fonctionnent à l’instant présent : là où toujours, quelque part, quelque chose se passe. Un archipel biologique …“.
L’analogie organique employée par la collectionneuse fait aussi écho à l’idée de Frank Gehry sur la conception du bâtiment. Dans un communiqué, l’architecte américano-canadien à qui l’on doit notamment le Musée Guggenheim à Bilbao, la Cinémathèque française et la Fondation Louis Vuitton à Paris, explique : “Nous avons voulu évoquer l’héritage du lieu, du tableau La nuit étoilée de Van Gogh [représentant Arles la nuit] aux pierres rocheuses que l’on trouve dans la région. Sa structure circulaire centrale évoque le plan de l’amphithéatre romain d’Arles.” Un programme d'ampleur que le public pourra enfin découvrir de l'intérieur dès le début de l'été.