Nombreuses sont les les émissions de télévision qui délivrent des astuces pour cuisiner, décorer son intérieur, bricoler ou même jardiner, mais peu de programmes proposent aujourd’hui d’apprendre à créer des œuvres d’art. Au Royaume-Uni, pourtant cela est sur le point d'arriver, grâce à un artiste : Grayson Perry. Connu pour ses vases en céramique, mais aussi ses tapisseries, textiles, vêtements et sculptures qui lui valurent de remporter le prestigieux Turner Prize en 2003, ce Britannique dessine et peint sur ces différents supports des scènes imaginaires et colorées, dont les paysages et personnages évoquent très souvent la société anglaise. Flirtant volontiers avec la caricature, ses œuvres délibérément provocantes et satiriques abordent avec humour aussi bien la politique que les questions relatives à l’identité et la sexualité.
Mais c’est aussi à travers son personnage fantasque que Grayson Perry a su se faire connaître du public. Si son identité civile est celle d’un homme hétérosexuel de 60 ans, il apparaît la plupart du temps publiquement sous l’apparence de son alter ego féminin Claire, dont les tenues bariolées et les frou-frous rappellent l’esthétique kitsch de ses œuvres. Afin de divertir ses téléspectateurs en cette période de confinement, la chaîne britannique Channel 4 a donc demandé à l’artiste, à qui la Monnaie de Paris consacrait sa première exposition monographique en France il y a deux ans, d’animer un tout nouveau programme télévisuel.
Intitulée Grayson Perry’s Art Club, cette émission proposera une véritable entrée théorique et pratique dans la création artistique. L’excentrique Britannique y partira en effet à la rencontre de plusieurs artistes de renom afin d’échanger avec eux sur leur pratique, et enseignera également de nombreuses techniques pour savoir dessiner, sculpter et peindre chez soi. Surtout, ce programme – dont la date de diffusion sera annoncée prochainement – prouvera une fois de plus la volonté de Grayson Perry de désacraliser l’art en se jouant du snobisme et de l’élitisme attaché à son milieu: “Je ne m’adresse pas au monde de l’art, je cherche davantage à atteindre le Joe lambda sur son canapé”, a-t-il à ce sujet confié au quotidien londonien Evening Standard.
Ainsi, le public de son émission sera invité, s’il le souhaite, à présenter plus tard ses créations réalisées pendant ces semaines de quarantaine dans une exposition organisée par l’artiste. Celle-ci visera à montrer la particularité de ce moment si marquant dans l’histoire de notre monde, mettant en avant l’aspect fertile de ces nombreux jours contraints à rester chez soi.