De Jean Paul Gaultier à Comme des Garçons, en passant par Yohji Yamamoto, Thierry Mugler ou Martin Margiela dont elle était la muse, la mannequin Kristina De Coninck a su laisser son empreinte sur les podiums. Mais c’est en tant que plasticienne qu'elle réapparaît dans la lumière avec 22 nouvelles créations, débutées lors du premier confinement, présentées dans sa nouvelle exposition parisienne, au sein de la galerie Untilted 19.
Retour à la fin des années 80, lorsque la jeune Belge Kristina De Coninck, tout juste diplômée en art graphique, est repérée dans un café d’Anvers par le photographe Ronald Stoops qui la convainc de participer à un casting pour le designer Dirik Van Sæne, l’un des créateurs avant-gardistes devenus célèbres sous le nom des “6 d’Anvers”. Le shooting va taper dans l'œil du créateur Martin Margiela. Kristina de Coninck part alors pour Paris, armée d’un sac à dos et d’une casserole… prémices d’une grande carrière de mannequin. Elle défilera en effet pour les grands noms de l’époque, de Thierry Mugler à Jean Paul Gaultier, en passant par Comme des Garçons ou Yohji Yamamoto, imposant en quelques années sa silhouette sur les podiums les plus convoités. Une histoire qui continue d'ailleurs, puisque la mannequin belge travaille encore pour des maisons comme Balenciaga, Marine Serre, Lemaire, Deveaux ou encore Untitled 19.
Parallèlement à cette carrière éblouissante, Kristina De Coninck est aussi artiste plasticienne. En 2009, elle dévoile ses œuvres pour la première fois au sein de la galerie Petrelle à Paris. Après deux expositions personnelles en 2018 et 2019, l’artiste belge présente une nouvelle fois ses sculptures emblématiques en fil de fer rehaussé de laine au sein du décor théâtral de la galerie Untitled 19 fondée par Pascal Humbert et François Joos. À la fois galerie et magasin du label éponyme, Untitled 19 incarne un esprit libre et expérimental, à l’image de ses collections “no gender” et anticonformistes… un espace parfait pour accueillir les créations de l’artiste belge. Guidée par son amour des textiles – elle tricote depuis toute petite – Kristina De Coninck sculpte la laine dans des volumes généreux et sensuels évoquant des dos, des mains ou bien des bouches… autant de détails qui fascinent la créatrice : “Mon travail s’inspire des personnes que j’ai eu la chance rencontrer, de leur personnalité et de la façon dont celle-ci s’exprime à travers la posture, la gestuelle…”, confie-t-elle. Feutrée ou tricotée, parfois accompagnée de gros fil rouge, la matière arbore une certaine étrangeté qui dérange autant qu’elle intrigue. La palette chromatique, qui dans ses précédentes collections évoquait la chair, prend ici de nouvelles couleurs. Comme un patchwork sculptural, l’assemblage des tissus retranscrit les variations du marbre.
L’exposition “Portraits & Fervor”, par Kristina de Coninck, à la galerie Untitled 19,
47 rue de Lancry, 75010 Paris. Jusqu'au 23 juillet 2022.