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Pour cette nouvelle édition de Paris Gallery Weekend, le public pourra découvrir la première exposition personnelle dans la capitale, aussi incroyable que cela puisse paraître, de Francis Alÿs, l’un des artistes les plus importants de sa génération. Celui qui représentera la Belgique à la prochaine Biennale de Venise est chez David Zwirner, avec une exposition quelque peu évolutive, dévoilée à la Biennale de Marrakech en 2009. Le sujet de la traversée du détroit de Gibraltar est mûri par des dessins, de magnifiques peintures, des installations ou des vidéos dans lesquels le plasticien – c’est aussi ce qui rend le sujet si émouvant – laisse poindre la notion de doute ou d’échec. Car malgré sa carrière et sa renommée, Francis Alÿs se laisse toujours la possibilité du renoncement quand il débute un nouveau périple.
Il est également question d’investigations géographiques et de déplacements à la Galerie Mor-Charpentier, qui témoigne du corps comme outil de résistance, souvent aussi l’un des premiers instruments de domination coloniale… Dans cette exposition collective, proposant en outre une belle pièce de Saâdane Afif, l’artiste Teresa Margolles saisit son regardeur par un mur de briques symbolisant les chairs de ceux qui ont tenté de traverser la frontière colombienne. Philippe Charpentier, l’un des co-directeurs, rappelle que Paris Gallery Weekend est désormais associé au Comité des Galeries d’Art et, si l’événement sera moins suivi cette année par les visiteurs internationaux, il pourra susciter un regain de curiosité de la part des amateurs d'art de l’Hexagone.
D’autres épopées ou mythes sont les sujets développés par Jean Bedez pour sa nouvelle exposition à la Galerie Suzanne Tarasiève. Fasciné par la cosmologie, le rapport à l’Antique, mais aussi à la Renaissance Italienne, l’artiste dernièrement invité aux Beaux-Arts de Paris relit ses classiques en expérimentant des pigments naturels qu’il fabrique lui-même. Ceux qui suivent son travail depuis longtemps percevront une ouverture, non plus uniquement centrée sur le regard des dieux ou des gardiens de Temple, mais vers la fragilité de l’humain.
Quant à la Galerie Chantal Crousel, elle présente un grand classique de la photographie en dédiant, pour la quatrième fois, ses murs à Wolfgang Tillmans. Jouant sur différentes échelles, entre grands formats ou petits opus immortalisant des détails au plus près ou des abstractions intrigantes, le plasticien né en 1968 en Allemagne revisite les genres traditionnels de la nature morte, du portrait ou du paysage. Cette grande beauté peut parfois devenir intimidante et l’on suggèrera alors au visiteur d’écouter ses morceaux électros sur Soundcloud ou YouTube, pour appréhender différemment son œuvre.
Puis, une découverte se fera à la Galerie Bendana-Pinel, avec Niccolò Montesi qui voit en Milan une ville futuriste, ou encore avec les sculptures de Lulù Nuti, née en 1988 et défendue par la jeune galeriste Chloé Salgado. Ayant inauguré son espace en octobre 2018, elle représente six artistes, dont Hugo Avigo, et pourrait intéresser de jeunes collectionneurs avec des prix très abordables, à l’exemple de ceux des multiples que l’on peut admirer dans son bureau…
Francis Alÿs, “Don’t Cross the Bridge Before You Get to the River”, David Zwirner , 108 rue Vieille du Temple, Paris 3e.
Saâdane Afif / Teresa Margolle, “Resisting Bodies”, Group Show, Mor Charpentier, 61 rue de Bretagne, Paris 3e.
Jean Bedez, “De Sphaera Mundi”, Suzanne Tarasieve, 7 rue Pastourelle, Paris 3e.
Wolfgang Tillmans, “Lumière du matin”, Galerie Chantal Crousel, 10 rue Charlot, Paris 3e.
Niccolo Montesi, “Mediolanum Urbe”, Bendana Pinel / Art Contemporain, 4 rue du Perche, Paris 3e.
Lulu Nuti, “Terrain Amère” / Hugo Avigo, Galerie Chloé Salgado, 61 rue de Saintonge, Paris 3e.