Né en 1906 et mort en 1997, Victor Vasarely a presque traversé l’intégralité du XXe siècle en y laissant une trace indélébile. D’origine hongroise, l’artiste s'installe à Paris dès les années 30 et travaille en tant que graphiste dans la publicité. Si sa peinture Zebra, réalisée en 1939, l’installe comme père de l’art optique – baptisé Op Art à partir des années 60 –, l’artiste conservera ce lien avec son premier métier et ne considèrera jamais l’utilisation ni la diffusion publicitaires de son travail comme une profanation. Lui-même disait : “Je ne suis pas pour la propriété privée des créations. Que mon œuvre soit reproduite sur des kilomètres de torchon m’est égal ! Il faut créer un art multipliable.” Et son art, en effet, se multiplia.
Dès les années 50, son style s'extrait de la toile lorsqu’il participe à un projet architectural à Caracas, marquant les débuts de son travail de concepteur d'espaces. Quelques années plus tard, il crée un alphabet plastique qui explicite les signes de son propre langage graphique. Bientôt, ses œuvres habillent les plateaux de télévision, les magazines de mode, les pochettes de disque du label Deutsche Grammophon ou les livres des éditions Gallimard. À travers ses nombreuses collaborations en France, son amour pour son pays d’adoption transparaît et ce dernier le lui rend bien : le cinéma français raffole de ses œuvres, que l’on retrouve chez Jacques Demy, Henri Verneuil, Gérard Pirès ou Henri-Georges Clouzot. En 1976, il réalise un portrait en hommage à Georges Pompidou décédé, deux ans plus tôt : il prendra place dans le hall du tout jeune Centre Pompidou. Aujourd’hui, ce même musée fait honneur à Vasarely en lui consacrant sa première exposition rétrospective depuis 1963. Pour mieux comprendre son influence considérable, voici cinq créations de l’artiste qui a façonné l’esthétique de son époque.
1. Le logo Renault
En 1972, le fleuron de l’automobile française, Renault, souhaite rafraîchir son identité visuelle. L’entreprise sollicite Vasarely et son fils Yvaral, qui ensemble simplifient l'emblématique losange par des lignes plus ou moins denses. La Renault 5 sera le premier modèle où apparaît ce nouveau logo, le père et le fils le réactualiseront neuf ans plus tard. En tout, l’identité Vasarely sera donc apposée à l’entreprise automobile pendant près de vingt ans.
2. La pochette de l’album Space Oddity de David Bowie (1969)
Tout juste célèbre, l’artiste britannique David Bowie sort en novembre 1969 son deuxième album qu’il baptise Space Oddity, du même nom que son récent tube. Pour illustrer sa pochette, il fait appel à Vernon Dewhurst qui choisit, en guise d’arrière-plan à son portrait, une œuvre du peintre hongrois intitulée CTA 25 Neg. Le visage du jeune David s’intègre donc à cette toile, composée de ronds dans un dégradé de bleu.
3. Le hall Vasarely de la gare Montparnasse
Vasarely participe à l’architecture intérieure de la gare Montparnasse en imaginant dès 1970 deux fresques, qui seront réalisées dans son hall principal, baptisé depuis “hall Vasarely”. Suite à la rénovation récente de la gare, ces deux fresques ont été restaurées et peuvent être appréciées sous leur plus beau jour.
4. La collection Tel de Gallimard
Afin de regrouper des ouvrages de référence en sciences humaines, la maison d’édition française Gallimard crée en 1976 sa collection Tel. Pour définir l’identité graphique de la collection, Vasarely est invité à illustrer les couvertures de ses 95 premiers ouvrages. En avril 1985, il signe sa dernière couverture pour le Do Kamo de Maurice Leenhardt.
5. La façade de la radio RTL
En 1970, Victor Vasarely et Yvaral rhabillent la façade de la radio française RTL, alors installée dans le VIIIème arrondissement de Paris. Sur cette installation en lames métalliques, les deux artistes peignent le nouveau logo de la radio. En octobre 2017, la façade est finalement démontée en prévision du déménagement de la radio, quelques mois plus tard.
L'exposition Vasarely : le partage des formes est à voir jusqu'au 6 mai au Centre Pompidou, Paris.