En 2015, l’expert en art Arthur Brand débute une enquête lorsqu’il apprend qu’une toile de Picasso, volée sur le yacht d’un cheik saoudien en 1999 à Antibes, est au centre d'obscures transactions aux Pays-Bas. Estimée aujourd’hui à 25 millions d’euros, cette œuvre aurait changé de propriétaire près d’une dizaine de fois, pour finir entre les mains d’un homme d’affaires disant ignorer avoir ce tableau volé en sa possession. Spécialisé dans la recherche d’œuvres d’art volées ou disparues, l’enquêteur néerlandais s’est notamment illustré ces dernières années en retrouvant un buste de Zadkine représentant Vincent Van Gogh, les chevaux de bronze de Josef Thorak ou, plus récemment, deux gravures sur pierre dérobées dans une église espagnole. Ce matin, “l’Indiana Jones du monde de l’art” – comme on aime à le surnommer -- annonce, triomphant, sur Twitter, avoir enfin retrouvé le tableau de Picasso, “l’une des plus grosses affaire de sa carrière” selon ses propres termes.
Datée du 26 avril 1938, cette toile est l’un des portraits représentant Dora Maar, l’amante et muse de Picasso de 1935 à 1943. Artiste peintre et photographe franco-croate, cette dernière lui inspira notamment les célèbres Portrait de Dora Maar et La Femme qui pleure, tous deux peints en 1937, ou encore Dora et le Minotaure, datant de 1936. Par sa proximité avec le peintre espagnol, elle eut notamment l'occasion de photographier les diverses étapes de la réalisation du fameux chef-d'œuvre Guernica, achevé en 1937. Celle dont l’œuvre fut bien longtemps éclipsée par son partenaire masculin s'éteignit en 1997, après avoir passé ses dernières décennies recluse entre Ménerbes et Paris. Si son œuvre connut un intérêt tardif, elle fera l'objet d’une prochaine rétrospective au Centre Pompidou, du 5 juin au 29 juillet 2019.