C’est souvent lorsque l’on s’y attend le moins que les meilleures surprises arrivent : la résurgence d’une œuvre du peintre florentin Cimabue (1272-1302) en est un nouvel exemple. Au mois de juin dernier, dans l’Oise, une résidente nonagénaire de la petite ville de Compiègne fait faire l’inventaire de son modeste logement au sein d'un EHPAD. Dans sa cuisine, la commissaire-priseur découvre, accrochée au-dessus des plaques de cuisson, une représentation biblique étonnante dont la propriétaire ignore la provenance exacte. C’est lors de son authentification au cabinet Turquin qu’elle sera identifiée : le tableau a été peint il y a 739 ans par Cimabue, figure marquante de la transition entre la peinture byzantine et la pré-Renaissance.
Intitulé Le Christ moqué, ce panneau peint à l’or et “a tempera” – une technique de peinture utilisant le jaune d’œuf comme liant – fait partie de la Passion du Christ, une série de huit tableaux de l’artiste réalisés autour de 1280,. De petite taille, son format rectangulaire vertical est à peine plus large qu’une feuille A4. C’est à la maison de vente Actéon, ce dimanche 27 octobre à Senlis, que l’œuvre a été acquise. Estimée entre 4 et 6 millions d’euros, elle s’est finalement vendue plus du triple de cette somme : 24,1 millions d’euros. Si le Salvator Mundi de Léonard De Vinci détient encore le record de l’œuvre la plus chère du monde, cette nouvelle somme en fait la vente la plus élevée de l’année en France, le 8e tableau ancien à la plus haute valeur et surtout l’œuvre d’art primitif la plus chère au monde.