La collection de masques Matchesfashion x Wedel Art Collective
Inviter des célèbres artistes à concevoir des masques : c’est tout le projet du cabinet britannique de conseil artistique Wedel Art Collective. Imaginée en réaction à la pandémie de Covid-19, cette initiative réunit six figures internationales de l’art contemporain : Jenny Holzer, Rashid Johnson, Barbara Kruger, Raymond Pettibon, Lorna Simpson et Rosemarie Trockel. Tous ont conçu le design d’un masque en tissu qui portent l’esthétique et les réflexions soulevées par leurs pratiques respectives à la lumière de la situation sanitaire. Vendus en exclusivité sur la plateforme de vente en ligne dédiées aux articles de luxe Matchesfashion, l’un des premiers soutiens de l’initiative, ces masques d’artistes dévoilent des messages aussi percutants que cryptiques.
Célèbre pour ses photomontages en noir et blanc agrémenté de maximes percutantes couleur écarlate, à l’instar de son subversif I shop therefore I am (1987), l’artiste américaine Barbara Kruger a placardé en blanc sur un masque coloré de son rouge signature les mots “sign langage”, comme un appel indélébile soulignant l’urgence de la situation actuelle. Sur le masque de l’artiste Jenny Holzer — connue pour ses truismes engagés et parfois cyniques, comme la déclaration Protect Me From What I Want projetée en plein Times Square à New York en 1985 – peuvent se lire les mots “You” et “Me” entrelacés en arabesques noires, semblables à un tatouage d’encre à même le visage. Plus directes, les inscriptions de l’Allemande Rosemarie Trockel, dont les œuvres pourraient être qualifiées d’artisanat conceptuel, rendent hommage aux modèles féminins qui ont pénétré ses œuvres : les noms de Hannah Arendt, Nina Simone, Marguerite Duras et Agnes Martin s’y brodent sobrement sur le tissu.
Moins déclaratif au premier abord, le masque de l’Américain Raymond Pettibon — qui inaugurait le premier espace parisien du galeriste David Zwirner en 2019 — représente Vavoom, un personnage inspiré par Félix le Chat que l’artiste dessine depuis les années 80. Mais derrière l’innocence joueuse et pop de son trait, inspiré par l’iconographie du dessin-animé, on lit une satire sociale digne d’un caricaturiste du XIXe siècle : Vavoom se tient dans des paysages vastes et dépouillés et crie son nom à travers le pays – à la fois un cri de ralliement et une plainte existentielle dans le vide. Pas de texte pour le masque de la photographe afro-américaine Lorna Simpson, mais un portrait de sa dernière série Daydream (2020), constitué de superpositions de visages de publicités du magazine Ebony. Quant à l’artiste Rashid Johnson, représenté par la galerie Hauser & Wirth, il imagine un masque inspiré par sa dernière série de mosaïque baptisée Broken Men (2019). “Pour moi, les Broken Men sont un substitut de la condition humaine, commente l’artiste. Le désir existentiel, les questions philosophiques, la lutte pour survivre avec dignité... des choses qui sont toujours présentes mais mises en évidence en temps de crise.”
Si cette action collective va de pair avec la volonté d’encourager le port durable des masques en tissu, et ainsi réduire l’utilisation de masques à usage unique, le geste est avant tout solidaire. En effet, tous les bénéfices des ventes seront reversés à des associations caritatives, dont la moitié reviendra au Fonds de réponse solidaire COVID-19 de l'Organisation mondiale de la santé. La part restante se partagera entre l’association américaine Artist Relief — coalition d'urgence pour accorder des subventions aux artistes en grande difficulté financière — et Common Practice, partenariat entre des espaces à but non lucratif basés au Royaume-Uni, qui fournit un soutien direct aux artistes émergents.
La collection est disponible sur matchesfashion.com au tarif unitaire de 40 £.