Âgée aujourd'hui de 91 ans, Yayoi Kusama est une véritable prêtresse psychédélique de l'art contemporain, connue pour ses nombreuses sculptures, peintures et installations parsemées de pois multicolores, jusqu’à ses œuvres en forme de citrouille, comme sa sculpture gonflable installée le temps de la FIAC en 2019 sur la très parisienne place Vendôme. Pourtant, le monde de l’art n’a pas toujours fait cas de la jeune femme, qui ne perdait pas une occasion de protester à travers ses expositions et ses performances contre ses dérives narcissiques dans les années 60, de la Biennale de Venise en 1966 au musée d’art contemporain de New York en 1969.
L’eau a coulé sous les ponts depuis et aujourd’hui, le nom de Yayoi Kusama domine la scène artistique internationale. Joli tour du destin : elle devient en 1993 la première femme, ainsi que la première artiste individuelle à représenter le Japon à la Biennale de Venise. En couverture du dernier Numéro art – désormais disponible en ligne gratuitement –, l’artiste devait être au centre d’une rétrospective de la Tate Modern à l'occasion des vingt ans d'existence du musée londonien, dont l'ouverture était originellement prévue en mai. Si son ouverture sera sans doute reportée suite aux mesures de protection mises en place actuellement, l’exposition présentera deux des Infinity Mirrored Room de Kusama, ses célèbres pièces-miroir devenues d'ailleurs si populaires qu'il a fallu appliquer une règle de 30 secondes pour empêcher les gens d’y rester trop longtemps et de prendre trop de photographies. Alors que de nombreux pays sont actuellement astreints au confinement, il est désormais possible de visiter l'une de ces salles filmée au drone sur le compte Instagram du musée The Broad de Los Angeles.
Au-delà de la mise en ligne de ses Infinity Mirrored Rooms, Yayoi Kusama a souhaité apporter un peu de sagesse et de bienveillance en ces temps difficiles, alors qu'une crise sanitaire et économique inédite touche toute la planète : “Aujourd’hui, alors que le monde entier affronte le COVID-19, je ressens la nécessité de lui adresser ce message”, a-t-elle écrit, tout en livrant un court poème en anglais, conçu comme un élan d’espoir. L’artiste y fait référence à un “éclat de lumière” qui “pointe vers l’avenir”, en ajoutant que “l’heure est venue pour les gens du monde entier de se lever”.
Découvrez ci-dessous le poème intégral de Yayoi Kusama :
A MESSAGE FROM YAYOI KUSAMA TO THE WHOLE WORLD
Though it glistens just out of reach, I continue to pray for hope to shine through
Its glimmer lighting our way
This long awaited great cosmic glow
Now that we find ourselves on the dark side of the world
The gods will be there to strengthen the hope we have spread throughout the universe
For those left behind, each person’s story and that of their loved ones
It is time to seek a hymn of love for our souls
In the midst of this historic menace, a brief burst of light points to the future
Let us joyfully sing this song of a splendid future
Let's go
Embraced in deep love and the efforts of people all over the world
Now is the time to overcome, to bring peace
We gathered for love and I hope to fulfil that desire
The time has come to fight and overcome our unhappiness
To COVID-19 that stands in our way
I say Disappear from this earth
We shall fight
We shall fight this terrible monster
Now is the time for people all over the world to stand up
My deep gratitude goes to all those who are already fighting.