“You can win the rat race but you’re still a rat”, peut-on désormais lire sur le panneau en bois provisoire qui remplace la porte de secours du Bataclan, ce même passage emprunté par des centaines de personnes fuyant la prise d'otages du 13 novembre 2015. Lors d’un passage dans la capitale en juin 2018, la star du street art avait apposé une silhouette encapuchonnée, en deuil et partiellement dissoute. Hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, cette œuvre réalisée au pochoir et à la peinture blanche a été dérobée dans la nuit de samedi à dimanche...
L'œuvre était devenue un symbole de recueillement, beaucoup ont vécu cette disparition comme une profanation. Cependant, il n’est pas rare que les œuvres de l’artiste britannique soient vandalisées, étant donnée la convoitise qu'elles suscitent sur le marché de l'art. Une page Wikipédia, intitulée Works by Banksy that have been damaged or destroyed, établit d’ailleurs une longue liste de peintures murales de Banksy qui se sont volatilisées. Ainsi, en août 2016, une peinture représentant des agents secrets qui écoutant les appels passé dans une cabine téléphonique publique, Spy Booth, disparaissait d'un mur de Cheltenham, en Angleterre. Cette référence évidente au service de renseignement britannique installé dans ladite ville avait été détruite au cours de travaux de rénovation.
"L'œuvre de Banksy (...) appartenant à tous, riverains, parisiens, citoyens du monde, nous a été enlevée", annonçait la direction de la salle de spectacle sur Twitter. Par essence illégale, éphémère et “appartenant à tous”, une œuvre de street art peut-elle donc faire l'objet d'un vol ? En tout cas, il sera plus facile au Bataclan de lancer une enquête pour récupérer sa porte qu’à Banksy pour récupérer son oeuvre.