Alex Da Corte en parodie d’Eminem chez Sadie Coles
Sur quatre gros cubes de couleur disposés sur un sol carrelé, un jeune homme étrangement semblable au rappeur Eminem apparaît en vidéo, occupé à manger des céréales, démêler les fils d’une Playstation,jouer avec des produits ménagers et se recouvrir frénétiquement les cheveux de moutarde. Avec cette installation d’Alex Da Corte, la galerie Sadie Coles frappe fort. Derrière son esthétique pop et colorée, l’artiste américain se met en scène sous les traits du rappeur passant du plus trivial à l’incohérent jusqu'à sombrer peu à peu dans la folie, dans une parodie qui s’amuse des clichés de la masculinité.
Le sac géant de Gina Fischli chez Soft Opening
Au premier étage du Grand Palais, impossible de manquer l’énorme sac en velours noir qui domine le stand de la galerie londonienne Soft Opening. À ses côtés, des châteaux miniatures en pâte Fimo rappellent étonnamment des gâteaux d’anniversaire, décorés comme des pièces montées. Jouant avec les échelles et l'absurde, la jeune artiste britannique Gina Fischli déploie ici un univers décalé puisant dans l’imagerie de l’enfance. Représentation manifeste et hyperbolique du sac à main de luxe, son immense sculpture questionne avec humour et kitsch le consumérisme et le matérialisme de notre société.
Les paysages d’Andreas Eriksson chez neugerriemschneider
À l’entrée de la FIAC, c’est un hommage contemplatif à la nature que propose la galerie berlinoise neugerriemschneider. Sur un mur extérieur, 45 toiles composent un ensemble fragmentaire de formes abstraites colorées qui dessinent un paysage sans début ni fin, prolongé à l’intérieur du stand par des œuvres aux dimensions beaucoup plus grandes. Celles-ci sont toutes dues à l’artiste suédois Andreas Eriksson qui, installé au bord d’un lac du nord de son pays, s’imprègne de son environnement quotidien pour transcrire ses poésies visuelles sur toile ou par tissage de lin. Ainsi rassemblées à la FIAC, elles invitent le spectateur à se laisser transporter.
Le petit monde sacré de Jennifer Guidi chez David Kordansky
Là où Sadie Coles choisit les cubes, la galerie David Kordansky préfère bousculer l’espace rectiligne du stand en plongeant le public dans un espace circulaire habillé de noir. Dans ce cabinet intime et sombre, on découvre les précieux dessins colorés de Jennifer Guidi. Connu pour ses grandes peintures oniriques et colorées réalisées à base de sable, cette artiste basée à Los Angeles présente ici pour la première fois ces œuvres de petit format truffées de références iconographiques à la mythologie égyptienne. Un voyage graphique et mystique tourné vers l’ailleurs.
La fleur multicolore de Yayoi Kusama chez Victoria Miro
Alors que sa citrouille géante orange à pois blanc trône cette semaine en plein centre de la place Vendôme, Yayoi Kusama fait également sensation au Grand Palais, sur le stand de la galerie Victoria Miro, avec une étonnante fleur géante. Semblable à une rafflésie, énorme plante parasite, cette sculpture en bronze reprend le vocabulaire plastique si caractéristique de l’artiste japonaise, où couleurs et pois se mêlent dans une composition percutante qui capte tout l'attention du visiteur. Derrière elle, on découvre également l'une de ses toiles les plus récentes, ainsi que des œuvres de Grayson Perry et Jorge Prado.
Les mises en abyme de Tim Eitel chez Jousse entreprise
Du côté de la galerie Jousse entreprise, cinq toiles paisibles et épurées accrochées sur fond blanc et bleu pétrole appellent au silence. Leur auteur, le peintre allemand Tim Eitel, dépeint la solitude contemporaine et prouve sa nécessité dans un quotidien saturé de bruit et d’informations. Sur chacune de ses œuvres apparaissent des personnages en proie à la méditation et la contemplation, dans des environnements structurés réduits à leurs lignes essentielles. Ici, ses modèles sont représentés dans des lieux d’exposition, comme captivés par des œuvres d’art, comme un clin d’œil au public de la FIAC qui s’y retrouve par effet miroir.
L’hommage de Gagosian à la French Riviera
Riche en couleurs et baignée de soleil, la côte d’Azur a inspiré de nombreux artistes au fil des décennies. Désireuse de rappeler l’influence fructueuse de cette région – que les anglophones baptisèrent la French Riviera –, la galerie Gagosian recrée à la FIAC le salon de la villa Santo Sospir. En 1950, Jean Cocteau passe des vacances dans cette maison de Saint-Jean-Cap-Ferratet recouvre ses murs de personnages fantastiques, qui lui valent alors le surnom de “villa tatouée”. Au cœur de ce décor reconstitué au Grand Palais, tous les grands noms de l’art de la première moitié du XXe siècle sont présents : on y trouve des photographies par Man Ray et Edward Quinn, des tableaux de Francis Picabia, Fernand Léger et d'Alexander Calder, des dessins de Henri Matisse ou encore des céramiques et assiettes en faïence de Pablo Picasso.
FIAC 2019, du 17 au 20 octobre au Grand Palais, Paris 8e.